Entropie

IL N'Y A PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE.

Le dentifrice qui ne retourne pas dans le tube, la peinture sèche qui ne reviendra pas dans le pot...

Pourquoi je vous parle d’entropie dans un article qui veut vous parler d’avenir et de prédictions?

Je vais tâcher de vous expliquer.

Il y a de cela 35 ans, je suis né. Rien d’anormal jusque-là. Première étape entropique humaine, il n'y aura pas de retour à la source. 

La suite est complexe, aussi intéressante à mes yeux qu’anodine aux vôtres, mais forcé d'avancer, vu que pas de possibilité de repli, et c'est la même pour vous, que pour moi.

Mais je ne vais pas vous parler de ma vie. Enfin pas directement. Je vais vous parler de la vie... celle que je vis... Je ne sais pas si vous saisissez la nuance.

Une vie qui s’étend sur des d’années, une vie qu’on peut constater, qu’on peut retracer, mais qu’on ne pourra ni revivre, ni effacer. Je ne pourrais pas retourner d’où je viens comme Benjamin et je ne suis pas encore arrivé au bout.

C’est ça "la vie", au-delà, c'est la mort, mais je pense que vous aviez compris.

Cette vie qui n’est plus mienne, en partie votre, en partie sienne, peut-être encore l’ai-je en main? Serais-je capable d’influer sur mon propre avenir duquel découle celui d’une autre personne à partir de demain?

Chaque action a eu un sens pour arriver ici. Les vôtres qui vous amènent à lire ce Blog, les miennes à l'alimenter. 

Mais sommes-nous vraiment responsables ? 

À passer trop de temps à me regarder, d’abord dans la glace, puis dans ma propre tête, à contempler mon être sans savoir m’en satisfaire, à regarder chaque étape de ma vie sans comprendre, j'ai finalement compris que chaque décision ajoute une pièce à l’édifice. 

Mais je n'ai pas encore réussi à définir si il s’agit d’une structure dès lors qu’on ne sait pas ce qu’on construit.

Je ne pense pas. 

Il s’agit plutôt d’un puzzle. Et quand on avance, on distingue les formes progressivement, quand on regarde de plus loin, de plus haut, on comprend pourquoi chaque pièce s'emboîte si parfaitement. Et une fois la haut on voit. On constate. Satisfait ou non n’est pas l’important et ne changera plus rien au résultat.

Mais si par chance, la vie nous permet d'atteindre un point de vue du quel l’esquisse est perceptible, il est plus facile de former les pièces futures qui correspondent déjà à la suite d’action précédente. Comme quand on regarde le dessin du puzzle qu'on est en train de fabriquer, sauf que la vie ne le permet jamais vraiment. Pourtant, certains indices du passé en perspective peuvent nous aider à construire notre futur, les signes sont là, il faut juste ouvrir les yeux, regarder au bon endroit, avec la bonne perspective.

Alors voilà, si je dois résumer les dernières années de ma vie qui, par la maladie, m’ont d’abord collé à ma boîte et à mon puzzle mélangé, elles m'ont d'abord rendu vide de tout, sans rancoeur, elles m'ont permis de revenir en arrière, plus léger, retrouvant ainsi un point de vue moins chargé sur ma propre personne. Elles m'ont donné la force d’agir sur un monde que je comprend mieux et de commencer à arranger les prochaines pièces, plutôt que de me voir imposer des formes parfois incompatibles mais qu'on croit nécessaires et obligatoires.

Après m’avoir pris mes mains et mes pieds que je n'utilisais pas forcément de la bonne manière, la vie me les a rendus et j’ai pu commencer à agir dans le bon sens.

Comme dirait l'autre, "C'est au pied du mur, qu'on voit le mieux le mur".